Doctorant : Bruno-Laurent MOSCHETTO

Directeur de recherche : Jacques Hamon

Date de soutenance : 09/01/1997

Président du jury Yves SIMON, Professeur Université Paris Dauphine
Rapporteurs Yves SIMON, Professeur Université Paris Dauphine
Suffragant Hélyette GEMAN, Professeur Université Paris Dauphine

Mention Très Honorable avec Félicitations du jury – Proposition pour prix de thèse et publication

Résumé
L’émergence de la notion de mimétisme n’a pas été aisée, en gestion. Cela tient au fait que la théorie économique classique repose sur l’individu, un et rationnel. Comme le note Dupuy (1983) : "L’économie se présente comme la négation de la foule". C’est justement en rejetant l’ignorance de la foule que l’agent économique accède à la rationnalité. Dans la théorie Walrasienne, les échanges se font à l’équilibre et celui-ci est l’aboutissement de confrontations individuelles et indépendantes. On comprend, dans ces conditions, la difficulté d’appréhender la notion de groupe, dans le cadre gestionnaire.
Si Keynes est l’un des premiers théoriciens à avoir décrit l’imitation comme un comportement économiquement rationnel, Orléan (1986) propose une démonstration de cette affirmation et dégage deux notions importantes de la pensée keynésienne. La première notion a une portée universelle. Elle décrit le cas d’un système où tous les intervenants n’ont pas la même information. Si un agent est en état d’incertitude totale, avoir recours à l’imitation ne peut qu’améliorer sa performance, puisqu’il plagie la décision d’un acteur, forcément mieux informé que lui. La deuxième notion décrit le cas d’un système où aucun intervenant n’est informé. Dans cette situation, l’imitation reste rationnelle. Dans ce cas, les agents cherchent à réduire leur risque face à la concurrence. Imiter son voisin revient à prendreune décision allant dans le sens commun. Cette attitude est parfaitement applicable aux marchés, qui pénalisent beaucoup plus le fait d’avoir tort contre tout le monde qu’elles ne bonifient le fait d’être le seul à avoir raison.
L’étude des phénomènes mimétiques présente un intérêt certain, dans la mesure où ils proposent des réponses à certaines anomalies décelées sur les marchés. Les questions les plus classiques, comme la violation du principe de la marche aléatoire des cours, ou la création des bulles, prennent avec la notion de mimétisme une impulsion nouvelle. Ici, notre objectif n’est certes pas celui d’une modélisation globale de la notion de mimétisme. Les connaissances sur le comportement humain restent aujourd’hui bien trop partielles pour espérer un tel résultat. Nous poursuivons quatre buts principaux. En premier lieu, nous espérons apporter une synthèse des travaux théoriques existants. Ces derniers sont peu nombreux, mais d’un apport, à chaque fois considérable. En second lieu, nous développons, toujours sur un plan théorique, les notions de seuils mimétiques et de bluff. En troisième lieu, nous pensons clarifier les liens qui existent entre la psychologie groupale et les marchés financiers. Enfin, nous pensons obtenir une réhabilitation empirique de la notion de mimétisme, dans l’univers de la gestion. Sur le plan pratique, la prise en compte du mimétisme nous éclaire sur le comportement du volume des transactions et les liens qui existent entre les cours et les volumes.
Notre démarche n’est pas brutale, mais consiste en une recherche empirique systématique de comportements mimétiques sur les marchés financiers, et en de multiples tentatives de modélisations locales. Le premier tome est consacré aux constructions psychologiques et bayésiennes de ce que nous appellerons le mimétisme de marché. Il comporte deux parties. La première est une approche psychologique des marchés financiers, la seconde est un essai de modélisation bayésienne du mimétisme de marché. Le second tome présente diverses déductions, théoriques et empiriques, de nos constructions initiales. Il est, lui aussi, articulé autour de deux parties. L’une présente le mimétisme de marché au travers de la relation prix-volume, l’autre est entièrement consacrée aux applications mimétiques de l’analyse technique.
Mots clés : analyse technique – Bluff – causalité – comportements mimétiques – psychologie de groupe – rationnalité – relation rpix-volume – théorème de Bayes

Abstract
Herding behavior and mimetic contagions on financial makets is a study of great interest as it may give partial answer to fundamental questions as random walk or the creation of bubbles.
We don’t try to modelize the herding behavior in a global way but, on the contrary we prodeed to many empirical researches and many local modelisations.
In fact we have four majors aims. Firstly we want to summerize existing workson the subject. Secondly we develope two theorical notions : bluff and mimetic frontiers. Thirdly we want to clarify every link between financial markets and the psychology of groups. At last we try to make the study of mimetic phenomena, in an empirical way, more acceptable.